François Wertheimer - Paris décembre 2024
L’univers de Christine est un palais aux mille portes : du portail majestueux au passage secret, de l’oratoire à la salle de jeux, elle nous découvre à chaque pas une nouvelle facette de son univers onirique et universel, ouvertement fusionnel avec notre environnement … Nous sommes faits de ce qui nous enveloppe : la nature, dans toute sa richesse, mais aussi de tous ses mystères …
Christine, pour un voyage dans son « Palais idéal », salle après salle, toile après toile, dessin après dessin, réveille au profond de nous-même notre animalité sauvage, notre jouissance paisible et apaisée quasi végétale, ou notre révolte et nos convictions ancrées héréditaires minérales … Ici, le parfum de La Fleur nous taquine, là, le chant de l’oiseau nous raconte, Ici, le corps de la femme nous charme, là l’océan nous berce, Ici le loup nous prévient …
Derrière chaque porte, son univers se propose et s’offre. Il va rechercher en nous, sans avarice sur les détails, sans fausse pudeur, sans détours, sans faux-semblant, dans les abysses de nos âmes, pour y trouver « l’Humain » qui nous habite…
Elle nous dit : « Nourrie de mes voyages oniriques, initiatiques, entre rêves et réalités, développant l’hybridation et les métamorphoses avec mes yeux d’enfant, un trésor… je questionne la peinture et ses infinis territoires de liberté. J’y explore l’anima, la psyché, la place de l'homme dans la nature, j’y vis ses interactions empathiques avec le monde naturel, animal végétal et minéral, effleurant du doigt sa fragilité et plongeant sans retenue, à l’autre bout du spectre, dans une quête sans fond, profonde à l’infini, d’idéal et de beauté. »
François Wertheimer, Auteur-compositeur-interprète, est l’auteur de tout les textes de l’album « La louve » de Barbara. Il a composé et arrangé, notamment pour les films d’ Agnès Varda («Les glaneurs et la glaneuse », « l’une chante, l’autre pas »…).
Il est l’auteur de « Barjo City, chroniques d’un nouveau barbare »…Album "Alice au pays des merveilles" - 1978 - Prix "Loisirs jeunes"
Mars 2013
La peinture est elle-même mon sujet d’observation, d’interrogation et d’expérimentation. Je revendique un goût pour le travail, le « métier". […]
Le vivant - l’humain, l’animal, la nature - sont au centre de mon travail. Le monde tel qu’il est m’inspire beaucoup mais ne me convient pas et ne me suffit pas. Je le recréé, le tords, le déforme, le recompose, le retranscrit, le traduit dans mon écriture pour donner naissance à un autre monde […]
J'y mets en scène les multiples facettes de la grande comédie humaine,[…], une danse entre autofiction et universel.
J’opère un va et vient constant entre le réel et l’imaginaire le conscient et l’inconscient, le grave et le léger, la pulsion de vie et l'omnipotence de la mort, l’effrayant et le drôle et toutes les forces contraires qui nous constituent. "Je est un autre" formule paradoxale et extraordinaire d'Arthur Rimbaud, est le titre de plusieurs séries récurrentes sur le thème hallucinatoire de la métamorphose, du rêve, du double, de l'inconscient, où j’interroge la notion d’identité et appréhende le pouvoir de la génétique dans un proche avenir.
Ces frottements discrets des contraires, du beau et du laid, du négatif et du positif, perpétuellement enchevêtrés dans l’humain ou dans la schizophrénie de notre monde réel sont mes petits grincements, ma petite musique de fond.
Pour exprimer ce qui est si complexe, l’imaginaire me semble le seul langage, la seule voie pour aller comme Alice voir au-delà du miroir, ce qui se cache derrière son joli masque d’apparence, de bienséance et de normalité.
Une complexité, un chaos dont l’humour est souvent mon salvateur fil d’Ariane. Munis de ce fil, je vous invite à déambuler dans « mon petit labyrinthe », dans mon "rêve éveillé" comme le définissait merveilleusement le poète Charles Baudelaire.
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March 2013
Painting itself is my subject of observation, questioning and experimentation. I claim a taste for work, for “craft”. [...]
The living - the human, the animal, nature - are at the heart of my work. The world as it is inspires me a great deal, but it doesn't suit me or suffice. I recreate it, twist it, deform it, recompose it, transcribe it, translate it into my writing to give birth to another world [...]
I stage the multiple facets of the great human comedy, [...] a dance between autofiction and the universal.
I constantly move back and forth between the real and the imaginary, the conscious and the unconscious, the serious and the light-hearted, the life drive and the omnipotence of death, the frightening and the funny, and all the contrary forces that make us up. Arthur Rimbaud's paradoxical and extraordinary formula "I is another" is the title of several recurring series on the hallucinatory theme of metamorphosis, dreams, the double and the unconscious, where I question the notion of identity and apprehend the power of genetics in the near future.
These discreet rubbings of opposites, the beautiful and the ugly, the negative and the positive, perpetually entangled in the human or in the schizophrenia of our real world, are my little squeaks, my little background music.
To express what is so complex, the imaginary seems to me the only language, the only way to go, like Alice, beyond the mirror, to see what's hidden behind its pretty mask of appearance, propriety and normality.
A complexity, a chaos whose humor is often my lifeline. Armed with this thread, I invite you to wander through "my little labyrinth", my "waking dream" as the poet Charles Baudelaire so wonderfully defined it.
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« Géographies d’enfances. » - Juin 2008
C’est un fait bien établi, tout le monde a été un enfant et chacun garde de cette époque des traces indélébiles.
C’est la quête de ces traces, bonnes ou mauvaises que je cherche dans ces visages à peine débarqués du monde utérin.
J’ai titré cette série « géographies d’enfance » pour plusieurs raisons. La première c’est le souvenir du cours de géographie et sa grande carte de France cartonnée, l’odeur de la craie blanche … qui nous ramène dans le passé comme la madeleine de Proust.
Et puis ces portraits sont pour moi des cartes topographiques où je cherche des traces vivantes, des empreintes mnésiques de « l’expérience » de la petite enfance. Ces visages donnant naissance à une sorte de « géographie anatomique » de l’enfance.
Enfance charpente psychique, ossature psychologique, trésor de guerre. Merveilleuse et infernale… Elle me permet d’évoquer à la fois le passé (la mémoire), le présent et l’avenir (crainte du futur pour les nouvelles générations) et me permet d’interroger le sens de l’existence …
Souvent étrange et drolatique, cette réalité confronte toujours le merveilleux et l’inquiétant, le « joli minois » et la monstruosité latente des bambins, leur propension à être victimes ou bourreaux, humains en devenir…Graines d’humains » !
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"Geographies of childhood" - June - 2008
It's a well-established fact that everyone was once a child, and that each of us retains indelible traces of that time.
It's the quest for these traces, good or bad, that I'm looking for in these faces just disembarked from the womb.
I've titled this series “childhood geographies” for several reasons. The first is the memory of geography class, with its large cardboard map of France and the smell of white chalk... which takes us back to the past like Proust's madeleine.
And for me, these portraits are topographical maps where I look for living traces, memory imprints of the “experience” of early childhood. These faces give rise to a kind of “anatomical geography” of childhood.
Childhood's psychic framework, psychological skeleton, war treasure. Wonderful and hellish... It allows me to evoke the past (memory), the present and the future (fear of the future for new generations), and to question the meaning of existence...
Often strange and droll, this reality always confronts the marvellous and the disquieting, the “pretty face” and the latent monstrosity of toddlers, their propensity to be victims or executioners, humans in the making... “Graines d'humains”!
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Jean FAUQUE - Songwriter - (Osez Joséphine, Ma petite entreprise, La nuit je mens, etc…) - An 2000
"Christine Lucchini a tout à fait conscience
de son inconscient. Elle rêve éveillée, sa peinture distord
le réel, nous pose à nouveau la question de savoir si nous
rêvons la réalité. Ou si nous réalisons que nous rêvons.
" Enfant terrible de l'imaginaire ", comme le disait Baudelaire du fa
tastique, elle crée des mutants par des savantes
manipulations génétiques qu'on croirait issues du cerveau fiévreux et
iconoclaste d'un génie sans éthique. Ni étiquette d'ailleurs.
Du morbide dans ses tableaux ? Ce n'est que la mort qui fait un bide,
elle nous voudrait désespérés, eux nous rappellent que la vie devrait
nous imposer d'en rire. Au moins de la nôtre.
Ses fleurs effleurent nos pleurs, ses personnages y nagent, un omniprésent
Eros nous fait présents en nous faisant présent d'un doux
oubli, à savoir qu'inlassablement le temps nous érode. Mais l'on
pourrait être cent êtres pensants, et nul ne saurait ce que l'autre ressent,
tant ici tout est sous-jacent."
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Jean FAUQUE, parolier (Osez Joséphine, Ma petite entreprise, La nuit je mens, etc…) - An 2000
"Christine Lucchini is fully aware
of her unconscious. She daydreams, her paintings distort
reality, asking us once again whether we
are dreaming reality. Or whether we realize we're dreaming.
"Enfant terrible de l'imaginaire", as Baudelaire said of fa
tastique, she creates mutants through skilful
genetic manipulations that seem to have sprung from the feverish,
iconoclastic brain of an unethical genius. Or etiquette, for that matter.
Any morbidity in her paintings? It's only death that makes a mess of things.
It wants us to despair, but they remind us that life should
make us laugh. At least of our own.
Her flowers touch our tears, her characters swim in them, an omnipresent
Eros makes us present by making us present of a sweet
oblivion, namely that time tirelessly erodes us. But we
could be a hundred thinking beings, and no one would know what the other is feeling,
so much here is everything underlying."
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Poème pour Christine - La raison de Christine - Par Jean Fauque - (Osez Joséphine, Ma petite entreprise, La nuit je mens, etc…) - An 2000
La raison de Christine
Vacille comme ces chandelles
Qu'on allume quand on dîne
La raison de Christine
Chancelle comme ces ondines
A l'humeur sous-marine
La raison de Christine
Se fait un peu plus belle
Quand elle s'hallucine
De lueurs ravageuses
D'incendies intérieurs
La raison de Christine
Lui dit que le réel
Ne l'est pas tant que ça
La raison de Christine
N'a pas toujours tort
La raison de Christine
Lui dit que ces poubelles
Qu'on tient par les deux anses
Ont un cœur gros comme ça
Ouvert aux déchéances
D'une immense importance
La raison de Christine
S'acclimate au normale
Au sud de la douleur
Ses furies imprévues
Détrempent nos couleurs
La raison de Christine
Arraisonne l'amour
Et raisonne la mort
La raison de Christine
Lui dit que le réel
Ne l'est pas tous les jours
La raison de Christine
N'a pas toujours tort
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